Le 22 mars dernier, la Journée mondiale de l’eau a rappelé que plus de 2,5 milliards de personnes vivent sans installations sanitaires suffisantes, que 884 millions de personnes n’ont pas accès à une eau potable et que chaque année, environ 1,5 million d’enfants meurent de maladies transmises par l’eau. Un bilan terrifiant qui implique une indispensable réaction.
DANS LE MONDE
En 2010, 6 milliards d’êtres humains se répartissent les ressources en eau douce, en 2025 ce chiffre passera à 8 milliards. Derrière ces données se cache une expression définie par l’ONU : "le stress hydrique", en clair, l’angoisse de la pénurie.
Aujourd’hui, en effet, une personne dispose de moins de 1 700 mètres cube d’eau par an, cumulant son besoin en eau potable et en eau douce destinée à l'agriculture. L’éventuel manque d’eau est donc synonyme de soif mais aussi de famine. Lutter contre la sécheresse, la pollution et le gaspillage devient, dès lors, un objectif prioritaire. Par ailleurs, si les prévisions des experts du Groupe Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat (GIEC) s’avèrent exactes (augmentation de la température entre 1,3 à 2,5 degrés), le réchauffement climatique va amplifier et accélérer la probabilité d’une pénurie d’eau.
Rendre l’eau potable
La priorité demeure l’accès à l’eau potable car les maladies liées à l’eau représentent la première cause de mortalité mondiale loin devant le sida ou la malnutrition. Le défi est de proposer des solutions viables d’assainissement des eaux pour les rendre potables et enrayer l’hécatombe de 8 millions de morts par an. L’OMS considère que la chloration est le mode de désinfection le plus sûr, le plus efficace et le moins cher.
Seul problème, il faut acheminer le chlore sur place. Pour répondre à ces contraintes, les chercheurs de l’association Antenna Technologies ont mis au l’Antenna Wata®. Cet appareil à économie d’énergie permet une production locale et autonome de chlore. À partir d’un litre d’eau insalubre salée, l’Antenna Wata® fabrique 1 litre de solution concentrée de chlore permettant d’assainir jusqu’à 6 000 litres d’eau. Avec trois tailles différentes, il peut subvenir aux besoins d’une population allant de 240 à 36 000 personnes. Dûment testé, cet appareil n’est toujours pas distribué.
Améliorer la distribution
Outre la consommation et une détérioration des ressources en eau, le problème de la distribution se pose. Les investissements qu’il faudrait consentir pour atteindre un niveau satisfaisant sont d’environ 1 000 milliards de dollars. Une somme énorme. Toutefois, des solutions sont proposées.
La société Netafim, présente dans 110 pays, a mis au point des systèmes d’irrigation économisant les ressources en eau, luttant contre la pollution de l’eau et le réchauffement climatique. La désalinisation des eaux constitue une autre solution. Cependant, cette technologie séduisante n’est pas réellement de développement durable puisqu’elle entraîne des rejets de saumure (eau fortement concentrée en sel) qui peuvent perturber les écosystèmes concernés.
En mars 2012, 6e forum de l’eau à Marseille
La France s’implique, tout particulièrement, dans ce combat. Le Conseil Mondial de l’Eau l’a, ainsi, choisie pour le 6e forum de l’eau à Marseille, en mars 2012.
Cet événement sera l’occasion pour les entreprises, collectivités territoriales organisatrices des services d’eau et d’assainissement, agences de l’eau et services de l'État de montrer leur savoir-faire. Deux dossiers auxquels la France tient beaucoup seront, par ailleurs, évoqués : le droit des populations à l’eau et à l’assainissement, ainsi que la gestion durable des ressources en eau.
Ces nécessités, la France les rappellera lors de sa Présidence du G8 en 2011.
DANS L’HEXAGONE
Notre pays, lui aussi, est très concerné par la gestion de l’eau. Les risques d’inondation s’accroissent avec l’urbanisation grandissante, l’actualité récente l’a démontrée en Vendée. La ressource en eau se fait plus rare, notamment dans les campagnes avec l’irrigation des cultures. La qualité des eaux est de plus en plus menacée. Enfin, l‘accès à l’eau potable devient plus difficile pour les familles en état de précarité.
Pour répondre à ces questions, l’Office national de l'eau et des milieux aquatiques (ONEMA), établissement public sous tutelle du ministère, a mis en place fin 2009 un observatoire des services publics d’eau et d’assainissement. Mais, la tâche est immense, la France comptant 30 000 services d’eau et d’assainissement. Par ailleurs, le « Grenelle Environnement » a fixé des objectifs ambitieux en matière de gestion de l’eau, le but étant d’assurer son bon état écologique d'ici 2015. Des solutions existent et sont, aujourd’hui, recommandées ou mises en place.
Gérer les eaux pluviales
Les nuisances dues aux eaux pluviales et de ruissellement sont très importantes, sur les plans de la sécurité avec les inondations mais aussi de la protection de l’environnement. Pour cela, le ministère du Développement durable encourage les collectivités locales à prendre en compte la gestion des eaux pluviales dans les questions d’aménagement et d’urbanisme.
L’urbanisation, au sens large (habitat, infrastructures routières locaux d’entreprises), a entraîné une imperméabilisation des sols. Ce processus dit de l’artificialisation concerne 4,4 millions d’hectares en France. De ce fait, ces sols ne sont plus alimentés naturellement par les eaux pluviales. À pluviométrie égale, l’infiltration passe ainsi de 50 % en zone naturelle à seulement 15 %.
Deux conséquences apparaissent : l’accroissement du volume des eaux de ruissellement et la diminution de l’alimentation des nappes souterraines. La ressource précieuse que constitue l’eau de pluie est perdue.
Mais ces eaux de pluie avant leur rejet dans le sol doivent surtout être traitées correctement. Différentes technologies existent et notamment les stations d’épuration. Une autre façon efficace consiste à éviter de polluer les milieux aquatiques est de limiter les apports de polluants à la source en limitant les pratiques locales de balayage des rues, en surveillant l’emploi des pesticides…
Ce qui vaut pour les collectivités touche désormais les particuliers. En effet, au 1er janvier 2011 (au lieu de 2013), tout vendeur de bien devra être en mesure de justifier du bon fonctionnement de son installation d'assainissement non-collectif. Dans le cas où le contrôle des installations date de plus de trois ans ou qu’il est inexistant, sa réalisation sera à la charge du vendeur. En cas de non-conformité de l'installation lors de la signature de l'acte de vente, l'acquéreur fera procéder aux travaux de mise en conformité dans un délai d'un an après l'acte de vente ou du transfert de propriété.
Récupérer les eaux de pluie
La récupération et l’utilisation des eaux de pluie est une solution simple pour économiser l’eau. Pour certains usages et sous certaines conditions techniques, elle est favorisée. En aucun cas, toutefois, ce réseau parallèle ne peut être raccordé à celui de l’eau potable. Il doit, par ailleurs, être signalé de manière visible. Les modalités d’utilisation sont explicitées dans l’arrêté du 21 août 2008, publié au JO n° 0201.
L’article 49 de la loi sur l’eau et les milieux aquatiques du 30 décembre 2006 autorise un crédit d’impôt de 25 % du montant du coût des équipements payés entre le 1er janvier 2007 et le 31 décembre 2012.
Diminuer les fuites dans les réseaux
En France, 856 000 kilomètres de canalisations distribuent les 6 milliards de m3 d’eau utilisés. Ce réseau est loin d’être correctement entretenu et présente des pertes par fuites de 25 % en moyenne, pouvant atteindre jusqu’à 40 % en certains endroits. Ces fuites sont essentiellement dues à une mauvaise étanchéité des canalisations et de leurs accessoires.
L’objectif est de revenir à un taux de fuite de 15 %, ce qui correspond à une économie d’environ 600 000 millions de m3, un gain énorme. Pour répondre à cet enjeu majeur, l’article 27 de la loi Grenelle 1 prévoit le lancement d’une action spécifique pour généraliser la détection des fuites dans les réseaux et programmer les travaux nécessaires. De leurs côtés, par anticipation aux orientations du Grenelle 2, les agences de l’eau prennent des dispositions pour aider les collectivités à réduire leurs pertes en réseaux, par des aides financières, notamment.
Le droit à l’eau
Aujourd’hui, des milliers de ménages ont des difficultés pour payer leur facture d’eau. Ce principe d’un «droit d’accéder à l’eau potable dans des conditions économiquement acceptables par tous» n'est pas appliqué dans les faits. En septembre 2009, le Sénat a adopté une proposition de loi qui introduit un dispositif « curatif » permettant de simplifier les procédures de demandes d’aides pour les personnes qui n’arrivent pas à payer leurs factures d’eau.
Celles-ci pourront s’adresser au gestionnaire du fonds de solidarité pour le logement, voire à leur maire, premier acteur de terrain. Au-delà du règlement des situations d’urgence, le comité national de l’eau s'est saisi de la question du poids de la facture d'eau pour les plus démunis en examinant les possibilités d’aide pour les personnes à faible revenu. Les dispositions nécessaires feront l’objet d’une présentation au Parlement, avant l’été 2010, par amendement au projet de loi Grenelle 2.
Rédaction - Pierre Plouze
Ressources en ligne
Antenna Technologies
Conseil Mondial de l’Eau
GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat)
ONEMA (Office national de l'eau et des milieux aquatiques)
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