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Le monumental portique à l’antique du 54 Montaigne en faisait déjà une silhouette unique sur l’avenue : l’enjeu a été de conférer à l’ensemble de l’immeuble une dimension patrimoniale, par le biais de parti pris audacieux.
FRESH architectures a choisi d’oser bousculer l’architecture de l’avenue Montaigne en préservant un équilibre subtil entre classicisme et innovation afin d’offrir au flagship d’une grande maison telle que Dolce & Gabbana la visibilité qui devait être la sienne.
La maîtrise d’ouvrage représentée par Chelsfield pour le compte du groupe Olayan, qui a porté ce programme ambitieux, a su faire confiance à l’agence et lui permettre d’innover dans le cadre de cette restructuration lourde.
Le projet a demandé deux procédures d’Atex, pour les menuiseries aluminium de la façade, compte tenu de leurs dimensions hors normes, de même que pour le plancher de verre au centre de la terrasse en cœur d’ilôt, lequel surplombe et baigne de lumière l’espace de la boutique en rez-de-chaussée. Des planchers du bâtiment en façade ont été supprimés afin d’augmenter la hauteur sur les trois premiers niveaux : bénéficiant de dimensions plus importantes, ils se présentent comme des lieux plus prestigieux, conformes au standing du bâtiment et de la marque en créant 2 100 m² d’espace de vente et d’exposition des créations Dolce & Gabbana.
Le traitement de la façade rappelle les formes et les matériaux associés à la haute couture. Disposés avec la précision d'un tricot artisanal, les 86 000 picots de porcelaine qui la composent forment une trame, et créent un tissu architectural discrètement scintillant. A l'échelle du quartier et même de la ville, le bâtiment devient un tissu précieux, une pièce de collection unique issue d'un véritable travail d'artisan. Les picots, conçus par FRESH architectures, puis moulés et fabriqués dans les ateliers Bernardaud à Limoges, donnent une épaisseur nouvelle à toute la surface des façades. |
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Un dialogue s'engage alors entre les matériaux et les époques : sobriété contemporaine et ornementation classique, minéralité mate et porcelaine royale, agencement de fibres et surface unie de la pierre.
Le bardage devient vêtement pour habiller élégamment la façade : reflétant les couleurs du ciel et des arbres de l'avenue, il fait miroiter la surface du bâtiment, lui donnant vie et mouvement à travers des nuances qui changent selon les heures et les saisons. L'ensemble du projet a été conçu comme une mise en scène, dont l'intérieur offre aux visiteurs-spectateurs l'expérience que procure une grande maison de luxe, en se laissant porter par la scénographie du lieu et les intérieurs conçus par Rousseau Dapelo. Ainsi, passé l'entrée laquée noire et son lustre monumental en verre de Murano, le hall s'ouvre sur un vaste espace à deux niveaux, où les codes empruntés tour à tour à ceux des théâtres à l'italienne et de l'architecture sacrée, confèrent au lieu une aura à la fois majestueuse et solennelle : nul doute que l'on pénètre dans un nouveau "temple de la mode".
Fiche technique
Adresse : 54 avenue Montaigne, 75008 paris Programme : Restructuration lourde d’un immeuble mixte en commerce Mission : Complète Maîtrise d’ouvrage : CHELSFIELD pour le GROUPE OLAYAN Maîtrise d’œuvre : FRESH architectures AMO : SAVILLS Économiste : AE75 Bureaux d’étude : BOLLINGER + GROHMANN (structure), ALTO INGENIERIE (fluides, thermique, environnement) Entreprise : PRADEAU MORIN interieurs : ROUSSEAU DAPELO Façadier : BELLAPART Picots de porcelaine : MAISON BERNARDAUD Surface : 2 100 m² Nombre de niveaux : Parking / rez-de-jardin / rez-de-chaussée + 6 étages (dont R+1 accès à la terrasse) / rooftop Livraison : printemps 2021
Photographies : ©David Foessel et ©Luca Battaglia |