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Extension de nos désirs dans un monde fini
La conservation est le point de départ du projet. C’est un préalable culturel autant qu’une prise de position environnementale. Nous partons d’un héritage, d’un objet "plus infrastructure que bâtiment", produit d’une époque, marqueur d’une technologie. Le legs est un bloc de béton, un bunker urbain ayant abrité un centre pour autocommutateurs désormais obsolète.
Les machines devaient être lourdes, volumineuses, à l’abri des vues et de la lumière. Le legs est massif, trapu, dense, aussi large que haut : 24 mètres par 24 habillés de façades préfabriquées béton, épaisses, chiches en percements.
Ici, le béton est à la fois mémoire, matrice et structure. Ce matériau nous parle du temps, nous raconte une histoire de progrès, une histoire d’industrie passée. De ce souvenir, nous héritons de formes géométrisées, organisées, tramées, peu avares de matière, plus que sobre en ornement.
Dans ce lieu chargé en énergie grise, notre intervention a été volontairement sobre en contraste avec une transformation programmatique importante. Il s’agissait d’installer des usages et des pratiques actuels dans des espaces caractérisés et obsolètes, d’installer notre temps dans un autre, de créer une filiation entre deux époques : après l’industrie, les services ; après l’atelier, le bureau mais toujours le travail comme constance.
Nous avons donc commencé à projeter en nous inscrivant dans une histoire à prolonger. S’agissant d’une architecture dont l’essence est le temps, nous avons mis la durabilité au cœur de nos réflexions comme prise de position esthétique. |
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Ce travail d’accompagnement, d’inflexion a permis de réinitialiser le lieu en en conservant matière, mise en œuvre et énergies grises. L’architecture durable est avant tout une architecture pérenne, une architecture plastique et adaptable à un cadre de vie choisi. Nous avons donc reformaté, réutilisé, adapté une histoire héritée, en limitant l’intervention sur le coriace, le dur, le brutal. Il s’agit là encore d’une prise de position esthétique ouvrant la voie à d’autres transgressions à venir dans une histoire dont nous ne connaitrons pas la fin. Un passage de relais en somme.
Ainsi notre projet est une architecture inscrite dans une autre, dans laquelle optimisme et progrès sont à transcender à l’instar d’un fort démilitarisé ou encore d’une église désacralisée. En résumé, il s’agit moins de surfaces que de volumes, bien moins de bureau que d’un espace de liberté offert à la transgression.
Fiche technique :
Maître d’ouvrage : SNC Fontaine Asnières Architecte : ECDM Architectes Chefs de projet : Jérémy BERNIER, Lucie CHAPUIS et Ilies ISSAD Equipe : VP Green (structure et façade), Becice (fluides humides), Square (fluides secs), GPE (appareils élévateurs), META (acoustique), Ekobase (économie), Payet (AMO environnement et paysage) Localisation : 25 avenue Gambetta, 92150 Suresnes, France Superficie : 4 200 m² SDP Coût : 10,8 M€ HT Livraison : 2023 Certifications et labels environnementaux : HQE niveau très performant, BBC Effinergie Rénovation, Wired score niveau Gold
Photographies : Bâtiment achevé ©Salem MOSTEFAOUI, bâtiment existant ©ECDM |